La saga Wizzz ! continue avec une nouvelle sélection de raretés 60’s/70’s, glanées dans les recoins inexplorés de la galaxie pop francophone. Stars, seconds couteaux et inconnu(e)s se côtoient dans ce nouveau volume acidulé. Partons en croisière sonore à travers la nuit étoilée des late sixties.
Abdelwahab Doukkali, de son vrai nom Al Awni Bouarane, naît le 1er janvier 1941 à Fès, Maroc. Attiré dès le plus jeune âge par la sphère artistique, il s’intéresse au théâtre, au dessin et à la peinture avant de commencer à chanter à Casablanca au début des années 60. En 1962, il quitte le Maroc pour s’installer au Caire, où sa renommée prend son essor. Auteur, compositeur, interprète récompensé par de nombreuses décorations honorifiques de portée internationale, il est devenu au fil des décennies l’une des plus immenses figures de la musique moyen-orientale.
Son répertoire majoritairement traditionnel occupe les sillons d’une vingtaine d’albums et d’une trentaine de 45 tours, et recèle quelques étonnantes pépites mêlant sa sensibilité orientale aux rythmes et harmonies rock de l’occident : une poignée de twists au début des sixties et surtout ce petit trésor interprété en français paru sur Philips en 1967 : Je Suis Jaloux. Ce titre, enregistré selon le chanteur « à titre de curiosité », semble un OVNI dans la discographie du maître, qui fera part de ses regrets de n’avoir fait plus ample carrière en France, lors d’une interview pour le quotidien Aujourd’hui le Maroc en février 2017 : « Un de ces jours, je suis arrivé à Paris et j’ai trouvé les gens en train de danser sur ma propre chanson : Je Suis jaloux. Malheureusement j’ai quitté Paris et c’était une gaffe. La société avec laquelle je travaillais m’a offert toutes les conditions mais comme je suis un fils du soleil et du printemps, j’étais tombé sur une mauvaise période où j’avais attrapé un froid qui a duré et m’a poussé à quitter cette ville dont je rêve toujours ».
Aujourd’hui Abdelwahab Doukkali partage son temps entre la chanson et la peinture, et vit à Casablanca.
Tom est le premier enregistrement solo de François Bernheim : un mid-tempo crépusculaire aux accents Soul réalisé pour les éditions Barclay en 1968. Les arrangements sont réalisés par Jean-Claude Petit, Bernard Estardy assure l’enregistrement tandis que les instruments sont tenus par la fine fleur des musiciens de studio français : Francis Daryzcuren à la basse (présent sur Harley Davidson de Brigitte Bardot, Le Sud de Nino Ferrer…), Marc Chantereau à la batterie (Alexandrie, Alexandra de Claude François, Quelque chose de Tennessee de Johnny Hallyday, Je suis venu te dire que je m’en vais de Serge Gainsbourg…), les six-cordes sont tenues par Sylvano Santorio (chef d’orchestre pour Jacques Brel) et Jean-Pierre Martin (guitariste de scène pour Johnny Hallyday).
Dans le studio CBE de la rue Championnet où se tient la séance, le jeune chanteur est sujet à un trac qui lui permettra de se surpasser lors d’une performance vocale d’une grande intensité.
Pourtant, la carrière musicale de François Bernheim a déjà commencé depuis longtemps : enfant, il intègre les Petits Chanteurs à la Croix de Bois pour lesquels il devient soliste dès l’âge de 10 ans. Sans véritable formation musicale, il commence la guitare en autodidacte à l’âge de 14 ans et s’entraîne comme beaucoup des musiciens de sa génération sur des titres instrumentaux des Shadows ou des Fantômes, puis des Beatles. Il devient ensuite vocaliste et compositeur au sein des Roche-Martin auprès des sœurs Sanson Véronique et Violaine, qu’il a rencontrées alors qu’elles chantaient sur une plage. Le groupe, produit par Michel Berger et Claude-Michel Schönberg, enregistre deux EP’s en 1967 pour le label Odeon.
Après le EP Tom, François Bernheim réalise un deuxième EP contenant Miami-Beach, une autre réussite au parfum onirique cette fois, puis se consacre à la direction artistique et à la découverte de talents. Toujours étudiant en droit, il décide de cacher son identité sous le pseudonyme de Gilles Péram, craignant qu’une fois devenu avocat, ses activités musicales ne le décrédibilisent. C’est donc sous ce nouveau nom qu’il lance les Poppys sous l’impulsion d’Eddie Barclay, avec les succès Noël 70 ou Non, non, rien n’a changé.
Au cours de sa carrière, François Bernheim/Gilles Péram a enregistré sept albums et une vingtaine de singles, travaillé avec Esther Galil, Renaud, Louis Chedid, Patricia Kaas, Marie Laforêt, Brigitte Bardot, Nicoletta, Marc Lavoine, Carlos, Serge Reggiani, Richard Cocciante, Gérard Lenormand, Pierre Richard, Guillaume Depardieu, Elizabeth Depardieu, Gérard Depardieu ou Chimène Badi… il a fait l’acteur, signé de nombreuses musiques de pub (Cachou Lajaunie, Carte Kiwi, Malabar, Club Med, Mini Mir… ) et a même été chanté par Kayne West (la chanson Power). Aujourd’hui, ce caméléon des variétés made in France travaille avec la comédienne Sandrine Sarroche ou encore avec la chanteuse Dani.
Michel Handson signe cette face B aux accents hip-hop en 1973 pour le label Butterfly. Les arrangements sont assurés par les Costa (responsables d’une dizaine de singles entre 1967 et 1987) et par Gabriel Yared, prolifique compositeur de musiques de films (Scout Toujours, 37°2 le Matin, L’Amant… ). Avant de rejoindre l’anonymat, Michel Handson enregistre encore deux 45 tours dont L’Heure du slow traditionnel en 1978, langoureuse pantalonnade appréciée des amateurs de kitscheries salées.
« Il est défendu d’aller toute nue dans les avenues, Boeing ! ». Issue de son unique 45 tours, cette ode à la liberté et à l’aviation est enregistrée par la suédoise Matty Kemer pour le label Disque d’Or. Le texte n’est pas signé par un inconnu puisqu’il s’agit d’Ezra Bouskéla, membre des mythiques Zorgones (comptant de futurs membres de Magma dont Zabu, ou Dynastie Crisis) et parolier pour Johnny Hallyday (Rendez-moi le soleil, Le monde entier va sauter, Dans ton univers) ou Herbert Léonard (L’oiseau d’argent). Véritable beatnik à la française, Ezra partira en Inde peu après des débuts prometteurs, abandonnant tous ses projets musicaux, dont une collaboration avec Jacques Lanzmann orchestrée par Lee Hallyday. Ce voyage (réalisé en bus et pas en Boeing !) fait l’objet du trépidant livre autobiographique Shambo.
Pianiste et guitariste, Gilles Janeyrand subit deux chocs scéniques dès le plus jeune âge : les adieux de Jacques Brel à l’Olympia en 1964, puis les Beatles au Palais des Sports en 1965. A l’issue de ce dernier concert, il sait ce qu’il veut faire de sa vie : chanteur. Quelques années plus tard, un ami amène à Gilles une petite annonce parue dans France Soir : Robert Stigwood, producteur des Bee Gees, des Who et de Cream, cherche à produire des artistes français pour son label RSO. Gilles Janeyrand répond à l’annonce et passe une audition aux studios Polydor où il rencontre Claude Ebrard, responsable de RSO France. Gilles interprète quatre chansons à la guitare dont Amour 2000 et Filles 2000, deux compositions de Gilles sur des textes écrits par des amis. Claude Ebrard décide d’enregistrer ces deux titres avec l’arrangeur Jean-Claude Petit, et propose d’utiliser des flûtes en référence à Jacques Dutronc qui vient de réaliser Il est cinq heures, Paris s'éveille. L'enregistrement a lieu en 1969 au Studio des Dames. Gilles se souvient : « Il y avait 25 musiciens autour de moi, et je trouvais ça normal ! J'avais 18 ans et je voyais le métier de chanteur de variétés comme ça ».
Pour la signature du contrat, Robert Stigwood envoie une Jaguar avec un photographe et un éditeur chercher Gilles qui vit toujours chez ses parents. Ils se rendent aux bureaux RSO situés près du Théâtre des Champs Élysées, et descendent de voiture quand apparait Jacques Brel, sortant du théâtre où il répète son spectacle L’Homme de la Mancha. Jacques Brel connaît déjà le photographe et l'éditeur qui sortent de voiture, mais pas encore Gilles qui lui est alors présenté. En apprenant que Gilles vient signer son premier contrat d'enregistrement, Jacques Brel lui adresse un « Bon courage » qu’il retiendra toute sa vie.
Le choix de la face A se fait sans véritable concertation, Gilles laissant la production décider. Filles 2000 devient alors la face B du 45 tours. Gilles promotionne Amour 2000 à la télévision, dans l'émission de Michel Drucker qui l'invitera à de nombreuses occasions dans ses émissions au cours des années 70. Le disque connaît un succès d'estime en radio mais se vend peu.
En 1974 est enregistré un LP aux studios Ferber avec des musiciens du chanteur Christophe. Ce disque produit par St Preux pour Heloïse Music bénéficie d’une production assez importante : l’équipe reste en studio plus d’un mois, s’offrant parfois le luxe de ne pas travailler des journées entières, préférant se rendre au bar le plus proche. Gilles bénéficie d’une liberté artistique totale : Saint Preux, qui vit avec des léopards, passe ses après-midi au cinéma plutôt que derrière la console. L’époque est à l’hédonisme, et Gilles adopte un mode de vie psychédélique. Certains titres de l’album évoquent l’univers du premier 45 tours : Les martiens et La fleur magique (dont il existe une version courte originellement destinée à un 45 tours qui n’a jamais vu le jour, sans doute perdue dans les archives d’Heloïse Music). C’est dans l’ensemble une belle pièce montée dans le style progressif flamboyant du milieu des années 70.
De nombreux 45 tours paraissent jusqu’au milieu des années 80, dont Je suis un passant connaît un certain succès. Mais le gros tube n’arrive pas et Gilles Janeyrand se tourne peu à peu vers le théâtre, le cinéma et la télévision. Son nom figure au générique de Clara et les chics types (Jacques Monnet, 1981), La vie et rien d’autre (Bertrand Tavernier, 1989), J’accuse (Roman Polanski, 2019) et de dizaines de films et séries télévisées.
Albert-Henri Rykaert alias Alain Ricar naît en 1922 à Charleroi, Belgique. Un jour son père, qui vendait des singes, échange un ouistiti contre un petit accordéon trouvé dans les ruines de Berlin. Il l’offre à son fils. Ce dernier commence par bouder l’instrument, qui refera surface dans sa vie des décennies plus tard.
Camelot, marchand de pierres porte-bonheur, il s’essaye à une vie « normale » avant d’entamer sur le tard une carrière artistique à la fin des années 50. Pour sa première entrée en scène dans un rôle dramatique de beau ténébreux, il déclenche des éclats de rires incontrôlés : Ricar découvre alors malgré lui ce potentiel comique qu’il déclinera tout au long de sa carrière.
Comédien, chanteur, compositeur, il se produit en cabaret ou au théâtre à Paris et en Belgique, puis à la RTB (la télévision belge), notamment dans Les Aventures du Capitaine Long, feuilleton musical dominical de sa création dans lequel il interprète un marin solitaire et chantant, dont le cargo chargé de camembert coule aux abords d’une île déserte…
Suite à la redécouverte de son accordéon d’enfance lors d’une visite au grenier familial, Alain Ricar crée un tour de chant comique, qu’il défend lors de concerts mémorables (première partie de Serge Gainsbourg en 1964, de Johnny Hallyday en 1966). Au cours des années 60, il enregistre cinq 45 tours, dont I like sex constitue l’unique intrusion dans le monde de la pop. Alain Ricar, qui avait écrit quelque part « Je n’ai pas d’âge et cela ne me manque pas trop », est mort en 1998 à l’âge de 92 ans.
Un cigare dans la main droite, un fusil dans la main gauche, les jumelles autour du cou et le sourire carnassier, Paul Dupret nous envoûte avec la face B débonnaire de son unique 45 tours réalisé pour le label Vogue en 1970.
Richard Hertel naît à Paris en 1947. Dès l’âge de 7 ans, il est chanteur soliste des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, puis il étudie les percussions au Conservatoire de Paris.
En 1966, il crée avec Nino Ferrer et Bernard Estardy les Gottamou, qui enregistrent deux EP’s au studio CBE pour le label Riviera. Il accompagne, par ailleurs, diverses stars de la variété française : Nicoletta, Hugues Aufray, Claude François, Nino Ferrer.
A la fin des années 60, Richard Hertel (surnommé Totoche dans le métier) sort un premier 45 tours sur le label Liberty en tant que chanteur : Patatras Hola, sur lequel il joue aussi la batterie et l’orgue. Groove impeccable, paroles amusées, gimmick atonal : le titre-phare est une réussite mais le disque ne se vend pas et sombre rapidement dans les oubliettes des hit-parades. Un deuxième single est édité pour Liberty : les thèmes du film Chitty chitty bang bang par Richard Hertel and his Orchestra, mais il s’agit d’un disque de commande sans originalité. Richard Hertel devient alors Patcho pour deux singles aux accents funk sortis en 1971 et 1972 sur Atlantic, produits par le compositeur d’avant-garde Igor Wakhévitch.
Ami du batteur Kenny Clark, il découvre l’univers du Jazz qu’il intègre au début des années 70, jouant de la batterie avec Bill Coleman, Joe Newman, Eddie Lockjaw Davis, Guy Lafitte et bien d’autres.
En 1974, il s’installe dans le Gers et se passionne pour la musique traditionnelle occitane. Il devient professeur de percussions au Conservatoire Occitan de Toulouse, et accompagne les chanteuses Martina e Rosina De Peira. Richard Hertel nous a quittés en 2016.
En 1968, Michel Didier apparaît sur la scène française avec la parution simultanée de cinq 45 tours sur le label Fontana. D’un corpus plutôt folk ressort cette reprise flashante de Rainbow chaser du groupe anglais Nirvana, rebaptisé Comme un arc-en-ciel et orchestré par Jean-Claude Vannier dans un déluge d’effets psychédéliques.
Vedette internationale, ou la complainte d’un prisonnier frustré de ne pas être star du show-business, est l’œuvre du mystérieux Liberatore (aucun rapport avec le dessinateur de la bande dessinée RanXerox). Sans doute d’origine belge, cet enregistrement est paru en 1969 sur le label Vogue.
Alain Serco signe un hommage frénétique à son meilleur ami Kiki, sur la face B de son unique 45 tours paru sur la label South Records au début des années 70.
Passionné de poésie, Gérard Gray se décide à chanter suite à la découverte des Fleurs du mal de Charles Baudelaire viaLéo Ferré. Dès le milieu des années 60, il chante régulièrement dans les cabarets parisiens (l’Écluse, la Contrescarpe, Chez Georges, Villa d’Este, Chez Monique Morelli…) et partage l’affiche des tournées de vedettes comme Alain Barrière, Pierre Perret, Antoine, Jacques Dutronc ou Claude François.
Le Poisson vert, enregistré en 1970, est créé avec l’ami Frédéric Rochel qui compose tout d’abord la musique dans un esprit « nostalgique, ironique et joyeux ». Ensuite, le duo se lance dans des recherches sonores inspirées des travaux de François de Roubaix, avec qui Gérard Gray et Frédéric Rochel se sont liés d’amitié. Sensibles à l’emploi d’instruments rares ou exotiques, ils recherchent alors un son « différent » et bricolent des maquettes à l’aide d’un magnétophone Revox et d’objets sonores divers : des dictionnaires remplacent la batterie, des verres de cristal emplis d’eau simulent les orgues, tandis que tout un arsenal de flûtes, guimbardes, appeaux ou sifflets, est utilisé pour évoquer un univers étrange et surréaliste. Une fois la mélodie et les axes sonores clairement définis, Gérard Gray écrit le très beau texte inspiré de visions subaquatiques et de mystères sous-marins.
La chanson est enregistrée à Lausanne pour le label suisse Évasion, avec les musiciens coutumiers des sessions du label. Si des instruments conventionnels sont utilisés, l’esprit de la maquette originale est mis en valeur par la prise de son de Stephan Sulke (alias Steff, chanteur allemand et producteur de nombreuses perles sixties méconnues).
Le grand méchant loup de François Faray revisite le conte de Charles Perrault à l’heure de la libération sexuelle, pour un résultat Glam-rock de haute volée. Étrangement, le chanteur disparaît des radars juste après cet unique 45 tours paru en 1973 sur le label Pathé.
Patrice Lamy né Jacques Desachy est un chanteur romantique lausannois. Il sort un premier 45 tours autoproduit en 1969 sous le nom de Patrice Leman, puis quatre singles au cours des années 70. Laisse-moi médire que je t’aime est la face B de son 3ème disque, un projet entièrement écrit, composé, arrangé et réalisé en 1974 par Pascal Dufar (ou Duffard selon les sources), à qui l’on doit une poignée de chansons de variétés et surtout l’album expérimental Dieu est fou de 1976.
Les musiciens présents sur Laisse-moi médire sont issus de formations pop à succès : Francis Moze de Magma à la basse, Mauricia Platon de Zao aux chœurs, Paul Stanissinopoulos et Demis Visvikis du groupe grec Axis à la batterie et aux claviers. Catherine Lara tient le violon électrique tandis que la pochette au style cosmique est signée Armande Altaï.
Après une courte carrière en dents de scie, Patrice Lamy est décédé en 1984 à l’âge de 35 ans d’une insolation.
Crooner tunisien, K.R. Nagati se fait connaître à la fin des années 60 grâce à une reprise du titre franco-arabe Yasmina du chanteur albinos algérien Blond Blond. Son répertoire s’étend des adaptations arabes de hits occidentaux (Strangers in the night, Doctor Jivago ou Guantanamera… ) à la chanson traditionnelle et religieuse. Sidi Bou, dont le texte est chanté en français, en anglais, en allemand, en arabe et en italien, est un hommage à un amour de vacances et au village de Sidi Bou Saïd perché sur une falaise dominant Carthage et le Golfe de Tunis. De l’Orient à l’Orion, face B magnifique de Yasmina, est disponible sur la compilation Born Bad Mobilisation Générale.
Les Missiles sont une bande de quatre copains de la ville d’Oran (Algérie). Ensemble, ils jouent tout d’abord sous le nom des Jupiter, des titres instrumentaux d’obédience Shadows avant que l’indépendance de l’Algérie ne les disperse sur le territoire français. Micky Segura, batteur et plus tard chanteur soliste, se retrouve à Port-Vendres à la frontière espagnole. Décidé à réunir le groupe, il part en mobylette retrouver Robert Suire (bassiste), installé à Aubagne. De là, ils filent dans le Jura où se trouve Bernard Algarra (guitare rythmique). Mais le dernier membre demeure introuvable et le trio décide de demander de l’aide aux reliques momifiées de Saint Claude, conservées dans la cathédrale de la ville éponyme. Dès le lendemain matin leur parvient une carte postale de leur ami Manu Gonzalez (guitare soliste), qui leur propose de le rejoindre à Saint-Raphaël où un appartement les attend, dit-il. Arrivés sur place, les trois compères s’aperçoivent que l’appartement n’est pas libre. Ils vivent alors plusieurs semaines dans la rue, puis décident de se rapprocher du centre névralgique du show-business français, Paris, élisant domicile à Aulnay-sous-Bois.
Une audition les attire à Boulogne-Billancourt où ils présentent leur répertoire instrumental, avant de déclarer qu’ils savent aussi chanter. Très intéressé, le directeur artistique demande une démonstration, après laquelle un contrat est signé avec la maison de disques Ducretet-Thomson. Les Jupiter sont alors rebaptisés Les Missiles, nom inspiré par le modèle de voiture d’un des directeurs artistiques.
Dès 1964, le succès est au rendez-vous avec Sacré Dollar (reprise de Green black dollar du Kingston Trio) mais aussi Maryline qui marche très fort en Belgique et en Suisse. S’ensuivront 3 ans de succès, de concerts et la parution de deux albums plus une douzaine de 45 tours. Le groupe tourne six mois avec Claude François et assure même les chœurs de l’idole en remplacement des Fléchettes. Quand deux membres des Missiles se marient en 1966, le groupe est dissous. Micky Segura devient alors doublure vocale et choriste de Claude François, auquel il restera fidèle jusqu’à la mort. Par ailleurs, il chante auprès de Nicoletta, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Gérard Lenormand, toujours en tant que choriste.
La (nouvelle) guerre de cent ans, jerk anti-beatnik, est issue du tout dernier EP du groupe, un disque qui se distingue de ses prédécesseurs par l’absence de reprise et une plus grande liberté artistique. Le groupe sonne alors presque garage, voire pré-psychédélique avec le titre contestataire Publicité rempli d’effets sonores.